Un projet porté par les Bakairis, mais qui sont-ils?
Le peuple Bakairis est l'un des 256 peuples autochtones du Brésil. Ils vivent sur leurs terres, dans l'Etat du Mato Grosso, dans une zone de transition entre l'écosystème amazonien et l'écosystème du cerrado (savane).
7 familles, 32 personnes vivent dans le village Igu Iâ'o, le plus récent des trois villages bakairis de la Terre Autochtone Santana.
Le projet d'un jardin communautaire, fondements et objectifs
Les Bakairis ont perdu une part importante de leurs revenus depuis le début de la crise du COVID-19. Pour se protéger du virus, ils ne peuvent plus sortir travailler en dehors de la Terre Autochtone comme ils en avaient l'habitude.
Pour faire face à cette situation de manière résiliente, ils ont décidé ensemble de créer un jardin communautaire adapté à leur terre. Ce jardin permettra d'atteindre des objectifs multiples et variés: le plus important et le plus pressant, c'est d'atteindre l'autonomie alimentaire. Mais le jardin permettra aussi de retrouver une relation plus intime avec les aliments qui les nourrissent, d'avoir des légumes de meilleure qualité et de renforcer la communauté en impliquant tout le village dans la conception et la construction du jardin.
Pour construire ce jardin de trois fois 50m par 25m, irrigué, couvert (pour le protéger des fortes pluies pendant la saison humide et de l'évaporation pendant la saison sèche) et clôturé (pour le protéger des poules et des animaux sauvages), les Bakairis ont besoin de 2580€.
Quelles sont les étapes du projet et à quoi servira l'argent collecté?
1ère étape: construction de trois structures en bois pour la couverture du jardin et préparation de la terre.
- une scie, pour couper le bois et fabriquer la structure qui va couvrir le jardin (457€),
- 150L d'essence, pour faire fonctionner la scie (125€),
- 200L de diesel, pour faire le plein du tracteurs qu'ils vont emprunter aux fermiers voisins
pour tirer le bois sur les 2-3km qui séparent la forêt du village (132€),
- 4 marteaux, pour construire la structure de la serre (37€),
- 2 rouleaux de toile pour couvrir les jardins (143€),
- 5 brouettes pour ramener de la terre de la forêt jusqu'au jardin (92€).
Budget 1ère étape: 986 €
2ème étape: construction de la clôture autour du jardin, installation du système d'irrigation
- 7 rouleaux de grillage pour la clôture du jardin (535€),
- un réservoir d'eau de 5000L (338€)
- 6 tuyaux d'irrigation goutte à goutte (65€), pour l'irrigation du jardin.
Budget 2ème étape: 838€
3ème étape: plantation des graines et production d'engrais organique
- graines et semences biologiques (147€),
- une remorque, pour aller chercher du fumier dans les fermes voisines (595€),
- une débroussailleuse, pour couper de l'herbe et en faire de l'engrais organique (214€).
Budget 3ème étape: 956€
Pour que le projet aboutisse, les Bakairis ont donc besoin de 2780€.
[Actualisation du 20/08: finalement, Marcio a réussi à acheter tout ce dont ils avaient besoin avec les 2380€ récolté à ce jour, mais à cause du COVID-19, les matériaux n’ont pas pu être livrés dans le village, puisque les non-autochtones n’ont pas le droit de rentrer sur les Terres Autochtones. Les matériaux attendent donc dans la ville la plus proche, Nova Mutum, à 228 km. Marcio a calculé les frais de livraison à 2736 réaux, soit environ 450 € avec le taux de change actuel (12 réaux le kilomètre, sachant qu’il faut payer l’aller-retour au transporteur), la différence avec la prévision initiale servira donc à payer ces frais de port].
Un peu d'histoire pour comprendre les origines et les visées du projet
Les Bakairis ont très tôt été intégrés dans la logique du travail, du commerce et de la production - puisque telle était (et est encore) la politique de la colonisation - intégrer les
autochtones au système extractiviste et productiviste. Ils ont donc tour à tour, depuis le 19ème siècle, récoltés du latex, commercialisés leurs cultures dans les villes-minières voisines en expansion, travaillés pour les colons qui déboisaient le cerrado pour en faire des zones de monoculture intensive...
Aujourd'hui encore, les jeunes surtout, s'emploient dans les grandes fermes voisines en tant
que conducteurs des tracteurs high-tech de l'agrobusiness, attirés par des salaires plus hauts que la moyenne.
Pour parer à la séduction de l’agrobusiness, qui a perdu un peu de son pouvoir attractif avec l'épidémie en réveillant des peurs ancestrales chez les Bakairis (qui comme tous les autochtones ont subi les ravages des épidémies depuis la colonisation) et pour faire face à l'inquiétude ressentie face à la crise politique et sanitaire au Brésil, Marcio, diplômé en agroécologie et en anthropologie, a initié une série de débats autour des questions politiques, sociales et environnementales au sein de sa communauté. Et de là est né le projet de créer un jardin communautaire dans le village.
Ce jardin communautaire est une réponse durable à un problème urgent! Et c'est un plus un vrai projet permacole, ayant un impact bonifiant sur de nombreuses facettes de la vie des Bakairis et ayant été conçu par eux, qui ont une connaissance approfondie de leurs terres.
Et vous....
Si vous aimez faire le jardin, si vous croyez que les jardins peuvent contribuer à rendre le monde un peu meilleur, si vous vous sentez concerner par ce qui arrive aux Bakairis...
Vous pouvez soutenir le projet en participant à son financement!
(toutes les photos ont été prises par Marcio Bakairi)
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Premières nouvelles!
Grâce aux premières partcipations, les travaux ont pu commencer et voilà en image, l'avancé du projet...
Marcio a été acheter la tronçonneuse en ville:
Ils ont pu commencer à couper le bois nécessaire à la structure qui va servir à couvrir le jardin:
Le bois est prêt et il attend d'être transporté jusqu'à l'emplacement du jardin:
Merci du fond du coeur à tous les premiers contributeurs et contributrices qui ont permis de faire démarrer le projet!